Définition du Larousse 1902
PINASSE : Embarcation longue, étroite, légère, marchant à la voile et à l'aviron. Bateau de pêche à fond plat.
Définition du Larousse 2000
PINASSE
: n.f. (de pin). Région. (Sud-Ouest). Bateau de pêche à fond plat
Definition générale
Embarcation
typique du Bassin d'Arcachon et du littoral gascon. Longue, étroite, à l'avant
très relevé, elle est généralement en bois et à fond plat. Marchant à
la voile (pinassotte ou tillole) ou au
moteur
elle retrouve aujourd'hui une grande popularité.
Pinasses, Pinassottes, Tilloles
L'étymologie du mot pinasse est assez controversée.
Faites
votre choix : d'aprés différentes sources,
du latin pinax (planche) ou pinus (pin), de l'espagnol pinassa
(petit navire), de l'anglais pinace, des mots pinche ou pinque
(bateau à fond plat), de l'Hollandais pinck. Et pour thillole
ou tillole, tilla (bateau galicien), tille (Breton), thilia
(Scandinave)
Je rajouterais,
et cela n'engage que moi, qu'en grec "naus" veut dire bateau, naw en arménien,
nauh en sanscrit. Le celtique et l'irlandais "nau"...
Suivant la prononciation, pourquoi pas Pinaus, Pinaw, Pinauh (bateau en pin)???
Le terme
pinasse ou pinace désigne aussi, au XIIIe siècle, des navires
aussi fort que des caravelles.
Du XIVe au XVIe siècle sur les côtes françaises et anglaises, c'était
un petit navire employé au cabotage et quelquefois à la pêche.
Dans le golfe de Gascogne, après la présence supposée sur
la côte basque entre 844 et 1023 des Vikings, de longues barques baleinières
nommées "pinaza" servaient à la pêche à
la baleine.
En 1461, le terme désigne un petit navire long et léger propre à la course.
L'Ordonnance du 6 février 1511, relative aux pêcheurs de Cap Breton,
parle de pinasses.
Aux
alentours de 1577, l'escadre de la première expédition de Frobisher dans l'Arctique
canadien était composée du Gabriel, de 20 tonnes, du Michael, de 25 tonnes et
d'une petite "pinasse" (en anglais pinace) petit navire léger,
habituellement à deux mâts et équipé comme une goélette (schooner); fréquemment
accompagnant un navire plus grand pour servir de navire annexe, d'éclaireur
d'escadre ou autre.
En
1606, des Anglais construisent Virginia, pinnace de trente tonnes, gréée
à livarde.
A la même époque, le terme espagnol pinaza désigne une barque construite
en pin.
En 1627, assiégeant La Rochelle, Richelieu fait venir de Bayonne et de
Saint-Jean-de-Luz, quinze pinasses (Docteur Kemmerer - Histoire de l'Ile
de Ré)
Certains chalutiers bretons s'appellent aussi pinasse, les mêmes bretons
qui en adoptant la motorisation appelleront leurs vedettes de pêche les
"pinasses sardinières"..
Au début des années 1900 un bâtiment-base de la Marine royale
du Canada, a comme annexe, une pinasse à vapeur ???
Nous voilà bien…
Le terme
de pinasse appliqué à une petite embarcation du Bassin apparaît en 1553 dans
les premières sources notariales de La Teste.
"Pinassotte" est sûrement issu
du mot Pinassot (Lo pinassot prononcé "lou pinassotte", dénomination
utilisée en 1909 dans un opuscule sur l'ostréiculture pour une Pinasse inférieure
à 7,5 mètres, d'après les recherches d'André Guittard...)
Origines
mystérieuses
L'origine
de ce bateau est bien énigmatique car les documents d'époques sont rarissimes
et malgré les enquêtes menées par de nombreux passionnés, il nous faut admettre
qu'au fil des siècles, de multiples influences ont doucement façonné cette silhouette
si particulière qui aujourd'hui fait le bonheur des amoureux du Bassin et des
bateaux traditionnels. La pinasse mérite qu'on parle d'elle et rien ne vous
empêche de rêver en lisant les nombreuses hypothèses exprimées par les personnes
qui s'y sont intéressé. (sources)
Les
origines possibles
Jacques Berard ( Navires et gens de la mer à Bordeaux ) pense qu'elle permettrait de remonter jusqu'à la tillole médiévale de l'Adour qui lui ressemble fort avec " ses caps relevés, ses façons pincées et son aviron de gouverne ".
François Beaudouin estime que les barques des étangs landais construites à clin peuvent être considérées comme la forme primitive de la pinasse et y décèle quand même des caractères germaniques (le clin ), latin (l'aviron), basque ou galicien (voile, mât à inclinaisons latérale et longitudinale, pied de mât), et américain (dérive centrale).
Il est
vrai que nombreuses civilisations ou colonisations ont pu laisser leur empreintes
dans la région :
Influences possibles venues de la mer : Crétoises, phéniciennes,
grecques, romaines, vikings…
Influences possibles venues de la terre : Celtes, ibères, barbares
vascons (Espagne), arabes, carolingiennes, anglaises…
Lire Les Cahiers du Bassin n°10
Embarcations
aux caractéristiques approchants :
Pays
nordiques :
Yole de Shetland : clin, points
d'amure, morphologie générale, système d'écoute
simplifié au maximum.
Faering
norvégien : morphologie générale
Au sud :
Trainières basques : mât réglable, amure au vent, tolets
d'aviron par une estrope
Dorna galiciennes ou barques
portugaises aux extrémités relevées.
Méditerranée :
Gondoles vénitiennes ou bateaux turcs du Bosphore
Le
besoin crée l'organe
Pour d'autres, en matière de construction navale, les caractéristiques
géographique du lieu de navigation sont à l'origine des options choisies : Un
fond plat limitant le tirant
d'eau à quelques centimètres, pour naviguer sur le Bassin ce n'est
pas un luxe, une étrave
haute, efficace face au clapot et aux vagues de la barre, le matériaux local
employé : le pin, des Landes bien entendu…
Premières
descriptions
Quand
Le Masson du Parc fait son enquête sur le Bassin en août 1727, il donne
pour la première fois une description précise de ces bateaux. " ce sont de petites
espèces de tilloles d'une construction bien différente de celles des tillolières
de Bayonne ".
Il y décrit deux types d'embarcations à fond plat, une petite de 6,50 à 7,30
mètres, montée par deux hommes, utilisée à la drague
pour les huîtres, à la pêche à la sardine ou allant chercher la pêche des chaloupes
et une plus grande de 8 à 9 mètres, avec six hommes, chacun muni d'un aviron
et gréée d'une voile sûrement carrée. Ces dernières pouvaient sortir en mer,
poser les filets utilisés par les chaloupes
et pêcher à la côte avec un équipage de cinq à six rudes gaillards. Pour
entrer dans le Bassin, le franchissement des passes se faisait en surfant la
vague la plus élevée.
A l'époque,
l'usage de ces sortes de bateaux était défendu par la déclaration du Roy du
23 Avril 1726, mais toléré par un arrêt du Conseil du 11 Janvier 1727 avec défense
de s'en servir pour la pêche en pleine mer et à la grande côte.
Cette pêche au delà des passes se fera jusqu'en 1970 et se pratique encore aujourd'hui
du côté de Contis.
En 1863, le règlement sur la police de la pêche maritime côtière fait toujours mention de tilloles et d'embarcations nommées Pinasses. Un plan de Bertrand Baudens (1866), est titré : "Plan de grande pinasse, ou Tillole pour la pêche en mer".
A partir de 1870 environ et jusqu'à la motorisation, on dénombre trois catégories de pinasses : La grande pinasse de côte de 12 à 14 mètres, armée de huit hommes et pratiquant la senne sur la côte océane ( lire le texte "La Pinassa" dans la rubrique "TEXTES" ), la pinasse sardinière de 8 à 9 mètres et la pinassotte de 7 à 8 mètres armée par un ou deux " Peschayeres " ne quittant jamais le bassin. Pour plus de détails, voir les pages "Construction"
Aujourd'hui
la petite pinasse est encore appelée pinassotte. Ce diminutif a dû être employé
à la suite de la motorisation, car les pêcheurs l'utilisent toujours pour distinguer
la pinasse à voile-aviron, de celle à moteur qu'ils nomment Pinasse.
La motorisation
Celle-ci
intervient massivement après les années 1905 et 1906, d'abord pour les résidents
les plus fortunés puis jusqu'en 1913 pour la presque totalité des pinasses de
pêche d'Arcachon.
Ce serait Auguste Bert, l'inventeur du bac
à voile qui aurait construit les premières pinasses à moteur. Fonctionnant
alors au pétrole lampant, on emploiera le nom de pétroleuses pour ces pinasses
dont la taille tend à grandir de plus en plus. Elles atteindront une douzaine
de mètres pour certaines, embarqueront de huit à douze hommes ainsi que trois
à cinq doris pour la pêche à la sardine et seront partiellement pontées.
Le rouf
apparaîtra plus tard avec son utilisation pour la plaisance. L'âme de la pinasse
de travail reste timidement présente car elle est toujours en usage chez quelques
pêcheurs du Bassin. Jusqu'à quand ?
La
plaisance
La pinasse
de Monsieur, comme on la nommait avant guerre, a peut-être empêché la disparition
de notre bateau traditionnel qui a souvent été remplacé par le chaland,
plus pratique aux ostréiculteurs.
Pour des raisons esthétiques, la ligne générale sera conservée mais de nombreuses
modifications seront apportées suivant les besoins et les envies des plaisanciers.
Un tirant
d'eau plus grand, souvent au dépend du fond plat, une hélice fixe,
une motorisation plus puissante, et des aménagements de confort tel que couchettes,
cuisine et coin toilette. Laiton briqué et bois précieux vernis font le bonheur
des yeux. Nous sommes ici bien loin des sardinières et autres pinassottes de
travail.
Depuis quelques années le polyester est employé pour la coque, matériau qui
demande moins d'entretien mais qui implique l'addition d'un lest.
Vous remarquerez que chaque pinasse rencontrée sur le bassin possède sa personnalité
et une forme différente. Sa fine silhouette n'est cependant pas prête
de quitter la petite mer de Buch, car nombreux sont ceux qui au cours d'une
flânerie, tomberont sous le charme de celle qui restera longtemps la reine du
Bassin...
Octobre 2006
Déjà 5 ans que ce site dédié à la Pinasse existe. A l'époque de sa création, pas grand-chose sur le web la concernant. Rares aussi les documents écrits. Aujourd'hui la Pinasse retrouve enfin la place qu'elle mérite dans la mémoire collective. Pour tout savoir sur La/Les Pinasses, ne cherchez plus ; Un document exceptionnel vient de paraître. Edité comme catalogue de l'exposition consacrée à La Pinasse à La Teste, il est sans doute le plus complet à ce jour. 60 pages de bonheur pour les amoureux du bateau emblématique du bassin. Bravo à tous les acteurs de ce merveilleux travail.